Le vallon du Cheiron
Sommaire :
p.1 : Un site paléontologique majeur de Haute-Provence
p.2 : Les types d'Ammonites provenant du Cheiron
p.3-4 : Le site du Cheiron avant la construction du barrage de Castillon
Un site paléontologique majeur de Haute-Provence
Les collections paléontologiques des grands Musées européens d’Histoire naturelle, ainsi que celles des principales Universités, renferment toutes des fossiles étiquetés « Vallon du Cheiron », ou « Cheiron, Castellane », souvent même simplement « Cheiron ». Cela tient au fait que ce quartier des environs immédiats de Castellane s’est révélé jadis d’une très grande richesse en remarquables fossiles infra-crétacés, principalement en Céphalopodes (Ammonites et Bélemnites).
Mentionné cartographiquement sous l’appellation de « Torrent du Cheiron », il s’agit d’un cours d’eau bien modeste prenant son origine à environ 1 500 m d’altitude dans les contreforts sud-occidentaux de la montagne de LAUPPE, pour rejoindre le Verdon, en rive droite, après un bref trajet d’environ 5 km. Le quartier proprement dit du Cheiron se situe en rive gauche du vallon, sous le Col de la Baume.
Dans ce secteur couvrant le revers septentrional du massif de LA BLACHE, les strates des différents horizons du Crétacé inférieur plongent fortement vers le nord. Avant l’édification du barrage de CASTILLON (en 1948), elles offraient au regard leur surface sertie, d’après les relations données par les premiers naturalistes à les avoir contemplées, de très nombreux spécimens d’Ammonites tandis que les horizons marneux, situés dans le bas du vallon, étaient couverts de Bélemnites et d’Ammonites pyritisées.
La plupart des spécimens ainsi exposés étaient alors inconnus de la science paléontoloqique.
Dès 1829, F. V. RASPAIL faisait connaître une nouvelle espèce de Bélemnite dont le rostre offrait la forme inattendue d’une feuille. Cette espèce – la « Bélemnite d’EMERIC » - est aujourd’hui rangée au sein du genre DUVALIA [DUVALIA EMERICI (RASPAIL, 1829)].
Le site du Cheiron a livré par ailleurs les types de la « Bélemnite large » [DUVALIA LATA (de BLAINVILLE, 1827)], ainsi que de la « Bélemnite à deux nervures » [DUVALIA BINERVIA (RASPAIL, 1829)].
Mais la réputation de ce site remarquable a été fondée avant tout sur les Ammonites et plus spécialement sur les formes à tours disjoints pour lesquelles Ch. LEVEILLE a créé en 1837 le genre CRIOCERATITES, pour l’espèce DUVALI récoltée précisément au Cheiron.
Or, ces CRIOCERATITES et formes voisines – qui apparaissaient à l’époque comme d’étranges nouveautés – étant l’objet d’intenses prospections, le site du Cheiron s’est trouvé très rapidement épuisé en surface, ainsi que J. JAUBERT l’a signalé dès 1855.
Dans le même temps, aucune analyse stratigraphique détaillée n’a été donnée de ces couches néocomiennes. Il a fallu attendre pour cela l’étude de P. COTILLON, en 1968. Mais alors, la plus grande partie du site était déjà sous les eaux du lac créé par l’édification du barrage de CASTILLON, en 1948.